- Un collectif d’éleveurs de moutons du département, victimes de vols à répétition, dénonce une situation « inquiétante » et qui s’aggrave ces derniers jours.
- « On se sent impuissants », explique à 20 Minutes l’un d’entre eux, après avoir récemment perdu 23 de ses animaux.
Ils parlent d’une situation « insupportable ». Réunis en association depuis plusieurs années, les éleveurs de moutons de Loire-Atlantique font face à la multiplication des vols depuis le début du mois d’avril. Ils viennent d’envoyer une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et à Nicole Belloubet, ministre de la Justice, pour dénoncer ce phénomène. Vivien Mahé, éleveur à Ancenis et membre du bureau du « collectif des éleveurs pillés », a répondu aux questions de 20 Minutes.
Vous dénoncez une augmentation des vols de moutons depuis ces derniers jours. Quelle est la situation ?
Elle ne cesse de s’aggraver. On estime que depuis le début du mois d’avril, ce sont environ 250 moutons qui ont disparu dans le département. En temps normal, il y a peut-être cinq vols par mois, en ce moment c’est quasiment tous les jours ! D’après la gendarmerie, on est même montés à sept faits en une nuit, la semaine dernière… Aujourd’hui, on veut dénoncer ce phénomène pour pouvoir continuer à vivre de notre métier. Si ça continue à cette vitesse-là, on va se faire piller toutes nos bêtes. Résultat, ce sont des élevages ovins entiers qui vont disparaître.
Comment se passent ces vols ?
En général de nuit, directement dans nos champs. Ils entrent, ils ligotent les animaux et les chargent dans les voitures. Ce sont des personnes qui savent s’y prendre, avec à chaque fois des quantités assez importantes de bêtes volées, et qui agissent très vite. Les animaux ciblés sont ceux qui sont assez gros pour être mangés, de l’agneau d’une trentaine de kilos à la brebis. Rien que dans mon exploitation de 300 bêtes, j’ai eu deux vols en un mois et demi : au total, ce sont 23 animaux qui ont disparu, 7.500 euros de préjudice ! C’étaient des agnelles que j’avais sélectionnées pour mon troupeau de reproduction. Je ne pourrais pas les remplacer à l’identique.
Vous avez décidé d’interpeller plus largement sur ce problème, via une lettre ouverte qui décrit cette « situation inquiétante »…
Oui car on se sent impuissants, on a le sentiment de ne pas être compris ni entendus. On essaye de faire des rondes, nos nuits sont courtes, c’est un stress quotidien. Le matin, on se réveille avec cette question « est-ce que tout le monde sera bien là ? » Moi je suis tout seul sur mon exploitation, j’ai beaucoup de travail donc je ne peux pas passer mon temps à surveiller… Heureusement, on a réussi à mobiliser la gendarmerie autour de nous, mais leur présence n’évite pas les vols. Certains éleveurs ont même posé des caméras de surveillance, mais le temps d’arriver sur place il est souvent trop tard, sans parler de l’investissement financier que représente cet équipement. Pour échanger des infos, on a un groupe Whatsapp entre éleveurs : on alerte quand il y a des vols, des véhicules suspects. On essaye aussi d’associer les voisins pour qu’ils aient conscience du problème.
Comment expliquez-vous ces vols ?
C’est difficile car en général on ne retrouve ni les bêtes ni les voleurs, sauf en cas de flagrant délit ce qui est rare. Samedi dernier, pourtant, lors d’une perquisition sur un camp de Roms près de Nantes, les gendarmes ont découvert des peaux et des têtes de moutons dans un container. Pour marquer le coup on est venus à une quinzaine d’éleveurs, et on a constaté tout ça sur place… Il y a aussi récemment eu une bonne avancée pour nous, avec l’arrestation et le jugement d’une personne. On pense malheureusement que ça ne servira pas à grand-chose, car le voleur a été relâché avec de la prison avec sursis, ça ne le dissuadera pas de revenir. On veut sensibiliser les politiques sur un problème qui nous semble plus global : il y a des gens qui ont besoin de manger et qui trouvent cette solution, un geste improbable dont nous sommes les victimes.
Quelles solutions attendez-vous ?
On voudrait d’abord être épaulés financièrement, car les assurances suivent mais demandent toujours de payer davantage. Il existe un dispositif d’aides pour les éleveurs concernés par des pertes occasionnées par les loups, on ne comprend pas pourquoi nous, on n’aurait pas droit à un soutien de ce type. Il faudrait aussi pouvoir davantage sécuriser les exploitations, pourquoi pas avec le financement de moyens de sécurité privé, organisée par secteurs. Si on n’arrive pas à retrouver les voleurs, essayons au moins de les dissuader d’agir.