Vaccin contre le covid-19 — SIPA PRESS

EPIDEMIE

Vaccinations à Paris : « Il faudrait tripler ou quadrupler le nombre de doses »… La campagne s’engage à flux tendu

R.L.

La vaccination des plus de 75 ans débute ce lundi avec 19 centres déployés dans la capitale et 10.000 doses livrées chaque semaine par l’État. Une opération jugée déjà trop timide

  • A partir de ce lundi, les Parisiennes et Parisiens de plus de 75 ans qui vivent chez eux peuvent se faire vacciner.
  • Chaque arrondissement disposera d’un centre de vaccination qui ouvrira ce lundi après-midi, mais tout est surtout une question de doses.
  • L’Etat va fournir à Paris 10.000 doses pour ces premières semaines. C’est insuffisant, selon des élus de la capitale.

Top départ. A partir de ce lundi, la campagne de vaccination contre le Covid-19 débute dans la capitale. « La vaccination doit être une priorité absolue. Paris sera pleinement mobilisé pour qu’elle se déploie le plus vite possible. Il n’y a pas de place pour l’hésitation », avait déclaré, Anne Hidalgo, lors de la cérémonie des vœux 2021. La maire de Paris s’est montrée très critique envers l’action du gouvernement sur la stratégie vaccinale. Depuis son plan de bataille s’affine et se met en place.

Après la première phase de vaccination dans les Ehpad lancée début janvier, les Parisiennes et Parisiens de plus de 75 ans qui vivent chez eux, ainsi que certaines personnes souffrant de pathologies lourdes, pourront désormais se faire vacciner. Soit près de 170.000 personnes. Les commandes sont centralisées par l’Union européenne, puis réparties au prorata des populations des pays membres. Actuellement, la France reçoit 500.000 doses par semaine, en provenance du laboratoire Pfizer-BioNTech et plusieurs dizaines de milliers de Moderna. L’Etat les dispatche ensuite dans les régions et les villes. En l’occurence, 10.000 à destination de la capitale à partir de ce lundi. 20 Minutes fait le point sur cette opération sanitaire qui pourrait être rapidement engorgée.

Un centre dans chaque arrondissement

Chaque arrondissement disposera d’un centre de vaccination qui ouvrira ce lundi après-midi. Pour Paris Centre (regroupement des quatre premiers arrondissements), il se situera par exemple dans l’ancienne mairie du 3e arrondissement. Dans le 19e arrondissement, c’est au 104, salle d’expositions et de concerts, que se dérouleront les vaccinations. Pour les 6e et 20e arrondissements, les centres ouvriront un peu plus tard dans la semaine, mais les habitants peuvent toujours prendre rendez-vous dans l’un des autres centres. A terme, les arrondissements les plus peuplés disposeront de plusieurs centres. La vaccination, elle, se fait  uniquement sur rendez-vous.

Un courrier a été envoyé aux personnes concernées pour les informer des modalités de la vaccination. Les créneaux de rendez-vous sont accessibles depuis ce vendredi après-midi sur la plateforme nationale www.sante.fr et sur www.doctolib.fr. L’inscription est également possible via le 39.75 : les opérateurs du centre d’appel de la Ville de Paris prennent directement rendez-vous sur la plateforme, comme un secrétariat médical. Des services qui pourraient toutefois être très vite saturés, alors que la question du nombre de doses interroge également. Chaque centre ouvrira des plages de rendez-vous correspondant spécifiquement au nombre de doses dont il disposera. « A chaque fois qu’il y a un rendez-vous, il faut une dose en face. C’est ça qui bugue », affirme auprès de 20 Minutes, Anne Souyris, adjointe à la maire de Paris chargée de toutes les questions relatives à la santé.

« Il faut que l’État mette un grand coup d’accélérateur »

Les 19 centres qui ouvrent ce lundi ont une capacité théorique de 25.000 injections par semaine. Elles seront réceptionnées par les équipes de la Ville lundi matin, et réparties entre les 19 centres, selon la proportion de la population de plus de 75 ans de l’arrondissement concerné. Mais la maire de Paris met d’ores et déjà la pression sur l’État. « Si elles demeurent au niveau prévu de 10.000 doses par semaine, il nous faudra 7 à 8 mois pour vacciner uniquement les 170.000 Parisiennes et Parisiens de plus de 75 ans. Il faut que l’État mette un grand coup d’accélérateur à la vaccination de l’ensemble des Français » indique Anne Hidalgo, dans un communiqué. Un calcul qui prend en compte bien entendu la double injection nécessaire à la création d'une immunité forte.

« 10.000 doses, c’est faible. Il faudrait tripler ou quadrupler le nombre de doses », reprend Anne Souyris. Les mairies d’arrondissement tentent de s’organiser. « Nous sommes prêts », fait savoir le maire du 13e, Jérôme Coumet (Paris en Commun). « Nous avons monté un centre de vaccination en mairie en moins de deux jours qui s’ajoute à celui situé 15 rue Charles Bertheau », note-t-il.

« On rame avec nos petits bras sans aide extérieure excessive »

L’opposition, elle, déplore une « absence de financement de la ville », souligne Rachida Dati (LR). La maire du 7e arrondissement a déclaré ouvrir « de manière autonome » et avec son « budget », un centre de vaccination dans le 7e pour une vaccination dès lundi. Geoffroy Boulard (LR) dans le 17e disposera le 25 janvier de trois centres sur l’ensemble de son territoire. Philippe Goujon (LR), maire du 15e arrondissement disposera, lui, de deux centres. Pour les 21.000 personnes concernées dans son arrondissement de 240.000 habitants, il va recevoir lundi matin 1.200 doses. « A ce rythme, il faudrait un an pour vacciner les plus de 75 ans. C’est dramatique. Et on rame avec nos petits bras sans aide extérieure excessive », déplore-t-il auprès de 20 Minutes.

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« La mairie centrale aide avec la plateforme téléphonique et le transfert des doses mais après c’est à nous de tout organiser avec notre budget : le personnel, la sécurité, les réfrigérateurs », détaille-t-il, annonçant avant même le début de l’opération une « pénurie de doses ». Et d’ajouter : « On va être très vite bloqués. J’espère que ça va monter en puissance car des gens font déjà des scandales à la mairie ». Début de la campagne dans cet arrondissement, lundi à 15 heures. De son côté, l’agence européenne des médicaments (EMA) doit se prononcer avant fin janvier pour dire si ou non elle autorise la mise sur le marché du troisième vaccin, celui d’AstraZeneca. Les livraisons de doses devraient alors s’intensifier encore plus massivement.

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